Sous ce titre technique se cache l’une des plus géniales inventions depuis l’épluche légume à lame en céramique.
Enfin pour les photographes.
Du moins ceux qui utilisent la technique du flash déporté.
Avec déclencheur radio.
En plein soleil.
Ce qui restreint finalement la quantité d’humains bipèdes pouvant se réjouir de ce gadget.
Mais peu importe puisque j’en fait partie.
Voyons maintenant à quoi ça sert.
Généralement en Guadeloupe le soleil cogne entre 8h et 17h (sauf en 2011). L’éclairage est dur, ayant pour conséquence des ombres fortes et de très gros contrastes. Pour photographier des portraits c’est ce qu’il y a de pire. Face au soleil haut dans le ciel, le nez provoque des ombres sur le visage, le menton passe le cou dans la pénombre, les arcades sourcilières assombrissent les yeux… etc. Généralement le sujet plisse ses yeux larmoyants et la peau se met à briller sous l’effet de la transpiration ce qui est incommodant et peu flatteur. Sans parler des auréoles.
A l’inverse lorsque le sujet est dos au soleil, le reflet de lumière dans les cheveux si cheveux il y a est très photogénique mais notre modèle est à contre jour. Il faut faire entrer plus de lumière sur le capteur ou le film pour que le sujet soit correctement exposé. Du coup, le ciel, la mer et tout ces trucs bien brillants sont explosés sur la photo.
Dans le 1er cas on a un sujet tout noir avec un bel arrière plan et dans le 2nd cas, un sujet bien éclairé sur fond de luminosité nucléaire.
Pour s’accommoder de cet inconvénient, on “débouche” au flash: on expose correctement pour avoir un arrière plan lumineusement correct tout en éclairant le sujet avec un flash ou tout autre source lumineuse suffisamment puissante.
Notez qu’un réflecteur ou un diffuseur donnent de bons résultats mais il faut un assistant pour le tenir.
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débouchage avec un flash |
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débouchage avec un réflecteur doré |
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Caro sous le diffuseur |
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Où positionne-t-on le flash ? Généralement on évite de le mettre au-dessus de l’appareil parce que c’est le pire endroit pour mettre un flash. Juste dans l’axe de l’objectif, ça produit des images plates du style lapin dans les phares de voiture.
On positionne plutôt le flash de biais par rapport au sujet: sur la 1ère photo ci-dessus le flash est placé à gauche du sujet à 45°, un tout petit peu en hauteur (iso 100, f5.6, 1/125s; flash à 1/4 pour ceux qui sont friands de paramètres). Il y a une ombre sur la joue gauche du modèle qui donne une impression de relief.
Du coup il faut être capable de déclencher le flash à distance. Ceci peut être réalisé:
– par câble: trop contraignant; nécessite un câble qui la plupart du temps s’emmêle ou se coupe.
– par l’éclair du flash pop-up de l’appareil: ne marche pas à tous les coups en plein soleil et consomme la batterie de l’appareil photo; cependant entre certains appareils et flashes de même marque, on peut s’affranchir de la vitesse de synchro (voir plus loin) et donc utiliser une grande ouverture de diaphragme pour limiter la profondeur de champ et isoler le sujet de l’arrière plan.
– par déclencheur radio: ma méthode préférée mais on est limité par la vitesse de synchro qui est de 1/250s sur le sony A77 (j’ai investi… mon vieux minolta donnant des signes de fatigue plutôt inquiétants) et on est donc obligé de fermer le diaphragme ce qui augmente la profondeur de champ, n’isole pas le sujet de l’arrière plan ce qui n’est pas terrible pour les portraits.
Mais qu’est-ce que la vitesse de synchro ? Il y a une bonne explication ici.
Ce qu’il faut retenir c’est que si on dépasse la vitesse de synchro, le rideau de l’obturateur cache une partie du capteur produisant une bande sombre sur la photo.
Voilà donc les contraintes qui m’étaient imposées but février alors que je photographiais la réception du mariage de Nathalie et Stéphane à l’ilet Caret:
Sous une lumière solaire d’un milliard de watts je tenais à utiliser mon 28-70 en ouvrant à f2.8 donc à fond tout en utilisant un déclencheur radio forcément synchronisé à 1/250s (au mieux à 1/300s en trichant un peu mais j’ai même pas essayé).
Même en descendant la sensibilité à 50 iso, j’étais obligé de déclencher au 1/3200s si je voulais ouvrir à f2.8. On est loin du 1/250s.
C’est là qu’entre en scène le génialissime filtre à densité neutre variable. Ce filme coupe la lumière qui entre dans l’objectif. Il est muni d’un bague rotative qui permet d’assombrir de 1.5 diaphragme jusqu’à la quasi obscurité. Il s’agit en gros de deux filtres polarisants couplés.
En réglant mon appareil avec les paramètres souhaités (1/250s, f2.8, iso 100), j’effectuais la visée en tournant la bague du filtre jusqu’à ce que l’appareil m’indique une exposition correcte.
Le filtre est un Light Craft Workshop Fader ND MK II (acheté d’occaz bien sûr) qui coûte 3 fois moins cher qu’un Heliopan tout en ayant une très bonne qualité. En effet, avec ce genre de filtres si on n’y met pas le prix on a bien la densité mais pas trop la neutralité.
En contrepartie et étant donné que ce filtre réduit toute la lumière qui entre dans l’objectif, il faut envoyer la patate avec le flash, c’est-à-dire entre moitié et pleine puissance entraînant une consommation de batterie et des temps de recyclage plus élevés.
Mais au final, les photos ont une texture magique:
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pas une photo de vacances mais celle
d’un mariage original au bord de l’eau |