Durant l’été 2009 nous sommes allés faire une virée en France et nous sommes passés par Nantes, ma ville natale.
Lorsque j’y vivais j’avais pu assister à plusieurs reprise aux spectacles féeriques de la troupe de théâtre de rue Royal de Luxe et aux premières représentation de leur thème favori, le gigantisme, mettant en scène “le géant tombé du ciel”. Un géant d’une douzaine de mètres de haut se promenait dans le centre ville. Puis en 1998 il y a eu “Retour d’Afrique” dans lequel le géant revenait avec un nouveau copain. Imaginez un peu: un matin je pars au boulot et à 3 min de chez moi je tombe sur un gamin africain géant de 6m de long en train de roupiller bruyamment dans un hamac tendu entre deux platanes.
François Delarozière, le créateur de ces machines de spectacle a proposé au début des années 2000 la création d’un site touristique dans les anciens chantiers navals dans le cadre de la rénovation de l’île de Nantes (que j’ai pour ma part toujours connu sous l’ancien nom d’île Beaulieu). Il s’agit des machines de l’île qui comprennent le Grand Éléphant, l’Arbre aux Hérons et le Manège des Mondes Marins.
Durant notre voyage de 2009, il aurait été inconcevable d’échapper à la visite de ce site sachant que c’était également l’occasion de faire de jolies photos.
![]() |
le crabe, l’une des créatures du manège des mondes marins à l’époque en cours de réalisation |
![]() |
une gargouille qui surplombe l’un des balcons du salon de l’éléphant |
De retour à la kaz, j’ai par la suite amélioré la photo de l’éléphant telle qu’on la voit au début de cet article et quelque mois plus tard, je l’ai mise sur flickr histoire de montrer au monde entier que je suis le meilleur photographe de ma rue.
Pour se faire connaître sur flickr, il faut fayoter avec les autres photographes en espérant s’attirer des commentaires élogieux de la part des élites et de fils en aiguilles faire tourner le compteur de visite. Au bout de 8 jours de lobbying effréné et après avoir attiré l’attention d’une demi douzaine de photographes amateurs qui recherchaient la même chose que moi, j’en avais ma claque et je laissait tomber.
Et puis un jour d’avril 2010, j’ai reçu un mail que je pris d’abord pour du spam et dont l’objet était “Reproduire cette image: Les machines de l’ile”. Dans ce message on me proposait de m’acheter la photo de l’éléphant pour la publication d’un livre: the Steampunk Bible par Jeff VanderMeer et S.J. Chambers. La photo avait été repérée dans google grâce à la publication que j’avais faite dans flickr.
Qu’est-ce que le steampunk ? Imaginez notre technologie actuelle designée au XIXème siècle ou alors le futur technologique de l’époque victorienne. Cela nous donne un monde peuplé de dirigeables, de machines bardées de bois, de cuivre et de cuir et de femmes en corset chaussées de lunettes de soudeurs. Un monde que nous avons pu entrevoir grâce aux romans de Jules Verne et H.G. Wells ou des films tels que la cité des enfants perdus de JP Jeunet entre autres.
Au final les auteurs m’ont acheté 5 photos et en ont publié trois. M’ayant envoyé un exemplaire du livre, j’ai pu constater avec plaisir que l’éléphant occupait une double page.
Merci flickr.
Et puis la semaine dernière, une “freelance picture researcher” de Londres m’a contacté pour que je lui fournisse la fameuse photo de l’éléphant plus une autre ci-dessous. Ces photos seront publiées dans le chapître News from everywhere du livre steampunk gazette qui paraîtra cette année.
![]() |
l’éléphant vu d’altitude |
Et moi je suis d’autant plus content qu’on m’ait contacte pour ça que je n’ai jamais rien demandé.